Visagéité, année zéro p.205-234

Mille plateaux; Capitalisme et Shizophrénie 2, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Les Editions de Minuit.

le visage n'est pas une enveloppe extérieure à celui qui parle, qui pense ou qui ressent. La forme du signifiant dans le langage, ses unités même resteraient indéterminées si l'auditeur éventuel ne guidait ses choix sur le visage de celui qui parle ( "tiens il a l'air en colère...", "il n'a pas pu dire cela..." Un enfant, une femme, une mère de famille, un homme, un père, un chef, un instituteur, un policier ne parlent pas une langue en général, mais une langue dont les traits signifiants sont indexés sur des traits de visagéité spécifiques. Les visages ne sont pas d'abord individuels, ils définissent des zone de fréquence ou de probabilité, délimitent un champs qui neutralisent d'avance des expressions et connexions rebelles aux significations conformes. De même la forme de la subjectivité, conscience ou passion, resterait absolument vide si les visages ne formaient des lieux de résonnance qui sélectionnent le réel mental ou senti, le rendant d'avance conforme à une réalité dominante... le visage construit le mur dont le signifiant a besoin pour rebondir... Le visage creuse le trou dont la subjectivisation a besoin pour percer...

La tête est comprise dans le corps, mais pas le visage. Le visage est une surface traits, lignes, rides du visage, visage long, carré, triangulaire, le visage est une carte, même s'il s'applique et s'enroule sur un volume, même s'il entoure et borde des cavités qui n'existent plus que comme trous. Même humaine, la tête n'est pas forcément un visage. Le visage ne se produit que lorsque la tète cesse de faite partie du corps, lorsqu'elle cesse d'être codée par e corps, lorsqu'elle cesse elle-même d'avoir un code corporel polyvoque multidimensionnel - lorsque le corps, tête comprise, se trouve décodé et doit être sur-codé par quelque chose qu'on appellera Visage. Autant dire que la tète, tous les éléments volume-cavité de la tète, doivent être visagéifiés. Ils le seront par l'écran troué, par le mur blanc-trou noir, la machine abstraite qui va produire du visage.



Mais l'opération ne s'arrête pas là la tête et ses éléments ne seront pas visagéifiés sans que le corps tout entier ne puisse l'être, ne soit amené à l'être, dans un processus inévitable. La bouche et le nez, et d'abord les yeux, ne deviennent pas une surface trouée sans appeler tous les autres volumes et toutes les autres cavités du corps. Opération digne du Dr Moreau, horrible et splendide. La main, le sein, le ventre, le pénis et le vagin, la cuisse, la jambe et le pied seront visagéifiés. Le fétichisme, l'érotomanie, etc., sont inséparables de ces processus de visagéificatton. Il ne s'agit pas du tout de prendre une partie du corps pour la faire ressembler à un visage, ou faire jouer un visage de rêve comme dans un nuage. Aucun anthropomorphisme. La visagéification n'opère pas par ressemblance, mais par ordre des raisons. C'est une opération beaucoup plus inconsciente et machinique qui fait passer tout le corps par la surface trouée, et où le visage n'a pas le rôle de modèle ou d'image, mais celui de surcodage pour toutes les parties décodées. Tout reste sexuel, aucune sublimation, mais de nouvelles coordonnées. C'est précisément parce que le visage dépend d'une machine abstraite qu'il ne se contentera pas de recouvrir la tête, mais affectera les autres parties du corps, et même au besoin d'autres objets sans ressemblance. 3 le gros plan sur la bouilloire qui nous regarde). La question dès lors est de savoir dans quelles circonstances cette machine est déclenchée, qui produit visage et visagéification.

Si la tête, même humaine, n'est pas forcément visage, le visage est produit dans l'humanité, mais par une nécessité qui n'est pas celle des hommes " en général ". Le visage n'est pas animal, mais il n'est pas plus humain en général, il y a même quelque chose d'absolument inhumain daùs le visage. C'est une erreur de faire comme si le visage ne devenait inhumain qu'à partir d'un certain seuil : gros plan, grossissement exagéré, expression insolite, etc. Inhumain dans l'homme, le visage l'est dès le début, il est par nature gros plan, avec ses surfaces blanches inanimées, ses trous noirs brillants, son vide et son ennui. Visage-bunker. Au point que si l'homme a un destin ce sera plutôt d'échapper au visage, défaire le visage et les visagéifications, devenir imperceptible, devenir clandestin, non pas par un retour à l'animalité, ni même par des retours à la tête, mais par des devenirs-animaux très spirituels et très spéciaux, par d'étranges devenirs en vérité qui franchiront le mur et sortiront des trous noirs, qui feront que les traits de visagéité même se soustraient enfin à l'organisation du visage, ne se laissent plus subsumer par le visage, taches de rousseur qui filent àl'horizon, cheveux emportés par le vent, yeux qu'on traverse au lieu de s'y regarder, ou de les regarder dans le morne face-à-face des subjectivités signifiantes. "Je ne regarde plus dans les yeux de la femme que je tiens dans mes bras, mais je les traverse à la nage, tête, bras et jambes en entier, et je vois que derrière les orbites de ces yeux s'étend un monde inexploré, monde des choses futures, et de ce monde toute logique est absente. (..) J'ai brisé le mur (...), mes yeux ne me servent à rien, car ils ne me renvoient que l'image du connu. Mon corps entier doit devenir rayon perpétuel de lumière, se mouvant à une vitesse toujours plus grande, sans répit, sans retour, sans faiblesse. (... Je scelle donc mes oreilles, mes yeux, mes lèvres ~. "CsO. Oui, le visage a un grand avenir, à condition d'être détruit, défait. En route vers l'asignifiant, vers l'asubjectif. Mais nous n'avons rien expliqué encore de ce que nous sentons.

Organismes

Quant aux objets partiels, c'est une pensée pire encore, celle d'un expérimentateur dément qui dépèce, découpe, anatomise en tous sens, quitte à recoudre n'importe comment. On peut faire une liste quelconque d'objets partiels : la main, le sein, la bouche, les yeux... On ne sort pas de Frankenstein. Nous n'avons pas à considérer des organes sans corps, corps morcelé, mais d'abord un corps sans organes, animé de différents mouvements intensifs qui détermineront la nature et la place des organes en question, qui feront de ce corps un organisme...Ces mouvements sont des mouvements de déterritorialissation, C'est eux qui "font " au corps un organisme, animal ou humain.

*1Klaatsch, " L'évolution du genre humain ", in L'Univers et l'humanité, par Kreomer, t. Il : "C'est en vain que nous avons essayé de trouver une trace de liséré rouge des lèvres chez les jeunes chimpanzés vivants qui, pour le reste, ressemblent tant à l'homme. (...) Que serait le visage le plus gracieux d'une ieune fille si la bouche apparaissait comme une raie entre deux bords blancs ? (...) D'autre part, la région pectorale chez l'anthropoïde porte les deux mameloas des glandes mammaires, mais il ne s'y forme jamais de bourrelets de graisse comparables aux seins ". Et la formule d'Emile Devaux, L'espèce, l'instinct, l'homme, Bd. Le François, p. 264 " C'est l'enfant qui a fait le sein de la femme et c'est la mère qui a fait les lèvres de l'enfant ".

Le paysage

"Et ta mère, c'est un paysage ou un visage ? un visage ou une usine ? "(Godard) cité par Deleuze dans Mille plateaux. Pas un visage qui n'enveloppe un paysage inconnu, inexploré, pas de paysage qui ne se peuple d'un visage aimé ou rêvé, qui ne développe un visage à venir ou déjà passé. Quel visage n'a pas appelé les paysages qu'il amalgamait, la neige et la montagne, quel paysage n'a pas évoqué le visage qui l'aurait complété, qui lui aurait fourni le complément inattendu de ses lignes et de ses traits ?

le visage a un corrélat d'une grande importance, le paysage, qui n'est pas seulement un milieu mais un monde déterritorialisé. Multiples sont les corrélations visage-paysage, à ce niveau " supérieur ". L'éducation chrétienne exerce à la fois le contrôle spirituel de la visagéité et de la paysagéité composez les uns comme les autres, coloriez-les, complétez-les, arrangez-les, dans une complémentarité qui renvoie paysages et visages *2 villes, momuments usines qui fonctionnent comme un visage qu'elle transforme. Les manuels de visage et de paysage forment une pédagogie, sévère discipline, et qui inspire les arts autant qu'ils l'inspirent. L'architecture place ses ensembles, maisons, villages ou ville monuments ou usine, qui fonctionne comme visage dans un paysage qu'elle transforme. La peinture reprend le même mouvement , mais elle le renverse aussi, plaçant un paysage en fonction du visage, en traitant l'un comme l'autre...Le gros plan de cinéma traite avant tout le visage comme un paysage, il se définit ainsi, trou noir et mur blanc, ecran et caméra.


*2. Les exercices de visage jouent un rôle essentiel dans les principes pédagogiques de J-B. de la Salle. Mais déjà Ignace de Loyola avait joint à son enseignement des exercices de paysage ou des " compositions de lieu ", concernant la vie du Christ, l'enfer, le monde, etc. il s'agit comme dit Barthes, d'images squelettiques subordonnées à un langage, mais aussi de schèmes actifs à compléter, à colorier, tels qu'on les retrouvera dans les catéchismes et manuels pieux.

 

 

[Même quand la peinture devient abstraite, elle ne fait que retrouver le trou noir et le mur blanc, la grande composition de la toile blanche et de la fente noire. Déchirement, mais aussi étirement de la toile par axe de fuite, point de fuite, diagonale, coups de couteau, fente ou trou, la machine est déjà là, qui fonctionne toujours en produisant visages et paysages, même lus plus abstraits. Le Titien commençait par peindre noir et blanc, non pas pour former des contours à remplir, mais comme matrice de chaque couleur à venir].

le faciès, classification sociologique et organisation de pouvoir

...La question demeure : quand est-ce que la machine abstraite de visagéité entre en jeu ? quand est-elle déclenchée ? Prenons des exemples simples le pouvoir maternel qui passe par le visage au cours même de l'allaitement; le pouvoir passionnel qui passe par le visage de l'aimé, même dans des attouchements ; le pouvoir politique qui passe par le visage du chef, banderolles, icônes et photos, même dans les actions de masse ; le pouvoir du cinéma qui passe par le visage de la star et le gros plan, le pouvoir de la télé...

Le visage n'agit pas ici comme individuel, c'est l'individuation qui résulte de la nécessité qu'il y ait du visage. Ce qui compte, ce n'est pas l'individualité du visage, mais l'efficacité du chiffrage qu'il permet d'opérer, et dans quels cas. Ce n'est pas affaire d'idéologie, mais d'économie et d'organisation de pouvoir. Nous ne disons certes pas que le visage, la puissance du visage, engendre le pouvoir et l'explique. En revanche, certains agencements de pouvoir ont besoin de production de visage, d'autres non.

Si l'on considère les sociétés primitives, peu de choses passent par le visage... Les peintures, les tatouages, les marques sur la peau épousent la multidimensionnalité des corps. Même les masques assurent l'appartenance de la tête au corps plutôt qu'ils n'en exhaussent un visage. Sans doute de profonds mouvements de déterritorialisation s'opèrent, qui bouleverseront les coordonnées du corps et esquissent des agencements particuliers de pouvoir cependant, c'est en mettant le corps en connexion non pas avec la visagéité, mais avec des devenirs animaux, notamment à l'aide de drogues. Il n'y a certes pas moins de spiritualité car les devenirs-animaux portent sur un Esprit animal, esprit-jaguar, esprit-oiseau, esprit-ocelot, esprit-toucan, qui prennent possession du dedans du corps, entrent dans ses cavités, remplissent des volumes, au lieu de lui faire un visage. Les cas de possession expriment un rapport direct des Voix avec le corps, non pas avec le visage. Les organisations de pouvoir du chaman, du guerrier, du chasseur, fragiles et précaires, sont d'autant plus spirituelles qu'elles passent par la corporéité, l'animalité, la végétabilité.

Quand nous disions que la tête humaine appartient encore à la strate d'organisme, évidemment nous ne récusions pas l'existence d'une culture et d'une société, nous disions seulement que les codes de ces cultures et de ces sociétés portent sur les corps, sur l'appartenance des têtes aux corps, sur l'aptitude du système corps-tête à devenir, à recevoir des âmes, les recevoir en amies et repousser les âmes ennemies. Les " primitifs " peuvent avoir les têtes les plus humaines, les plus belles et les plus spirituelles, ils n'ont pas de visage et n'en ont pas besoin.


Et pour une raison simple. Le visage n'est pas un universel. Ce n'est même pas celui de l'homme blanc, c'est l'Homme blanc lui-même, avec ses larges joues blanches et le trou noir des yeux. Le visage, c'est le Christ. Le visage, c'est l'Européen type, ce qu'Ezra Pound appelait l'homme sensuel quelconque, bref l'Erotomane ordinaire (les psychiatres du XIXsiècle avaient raison de dire que l'érotomanie, à la différence de la nymphomanie, restait souvent pure et chaste c'est qu'elle passe par le visage et la visagéiflcation). Pas universel, mais Facies totius universi. Jésus superstar : il invente la visagéiflcation de tout le corps et la transmet partout (la Passion de Jeanne d'Arc, en gros plan).

Le visage est donc une idée tout à fait particulière dans sa nature, ce qui ne l'empêche pas d'avoir acquis et d'exercer la fonction la plus générale. C 'est une fonction de bi-univocisation, de binarisation. Il y a là deux aspects : la machine abstraite de visagéité, telle qu'elle est composée par trou noir-mur blanc, fonctionne de deux façons dont l'une concerne les unités du éléments, l'autre les choix.

De toute manière, on t'a reconnu, la machine abstraite t'a inscrit dans l'ensemble de son quadrillage. On voit bien que, dans son nouveau rôle de détection des déviances, la machine de visagéité ne se contente pas de cas individuels, mais procède aussi généralement que dans son premier rôle d'ordination des normalités.

Si le visage est bien le Christ, c'est-à-dire l'Homme blanc moyen quelconque, les premières déviances, les premiers écarts-types sont raciaux : homme jaune, homme noir, hommes de deuxième ou troisième catégorie. Eux aussi seront inscrits sur le mur, distribués par le trou. Ils doivent être christianisés, c'est-à-dire visagéifiés. Le racisme européen comme prétention de l'homme blanc n'a jamais procédé par exclusion, ni assignation de quelqu'un désigné comme "Autre" ce serait plutôt dans les sociétés primitives qu'on saisit l'étranger comme un " autre ". Le racisme procède par détermination des écarts de déviance, en fonction du visage Homme blanc qui prétend intégrer dans des ondes de plus en plus excentriques et retardées les traits qui ne sont pas conformes, tantôt pour les tolérer à telle place et dans telles conditions, dans tel ghetto, tantôt pour les effacer sur le mur qui ne supporte jamais l'altérité (c'est un juif, c'est oun arabe, c'est un nègre, c'est un fou..., etc.). Du point de vue du racisme, il n'y a pas d'extérieur, il n'y a pas de gens du dehors. Il n'y a que des gens qui devraient être comme nous, et dont le crime est de ne pas l'être. La coupure ne passe plus entre un dedans et un dehors, mais à l'intérieur des chaînes signifiantes simultanées et des choix subjectifs successifs. Le racisme ne détecte jamais les particules de l'autre, il propage les ondes du même jusqu'à l'extinction de ce qui ne se laisse pas identifier (ou qui ne se laisse identifier qu'à partir de tel ou tel écart.). Sa cruauté n'a d'égale que son incompétence ou sa naïveté. Voir l'exposition des arts dégénérés


D'une manière plus gaie, la peinture a joué de toutes les ressources du Christ-visage. La machine abstraite de visagéité,mur blanc-trou noir, elle s'en est servi dans tous les sens pour produire avec le visage du Christ toutes les unité de visage, mais aussi tous les écrats de déviance. Il y a un jubilation de la peinture à cet égard, du moyen âge à la renaissance, comme une liberté effrénée. Non seuelement le Christ préside à la visagéification de tout le corps ( son propre corps) à la paysagéisation de tous les milieux ( ses propres milieux) mais il compose tous les visages élémentaires, et dispose de tous les écarts : Christ athlète de foire, Christ manièriste pédé, christe négre ou du moisn vierge noire en marge. CF Régis Debray qui souligne aussi l'importance déterminante du dogme de l'incarnation sur le Destin esthétique de l'occident


10. Sur la saisie de l'étranger comme Autre, cf. Haudricourt " L'origine des clones et des clans ", li~ L'Homme, janvier 1964, pp. 98-102. Et Jaulin, Gens du soi, gens de Pautre, 10-18 (préface, p. 20).

p.220 Il est absurde de croire que le langage en tant que tel puisse véhiculer un message. Une langue est toujours prise dans des visages qui en annoncent les enoncés, qui les lestent par rapport aux signifiants en cours et aux sujets concernés. C'est sur les visages que les choix se guident et que les élément s'organisent : Jamais grammaire commune n'est séparable d'une éducation des visages. Le visage est un véritable porte-voix ( Et l'écriture dans tout cela !)... La machine de la visagéité procède au quadrillage préalable qui rend possible la discernabilité d'éléments signifiants, l'effectuation de choix subjectfs. La machine de visagéité n'est pas une annexe du signifiant et du sujet, elle en est plutôt connexe et conditionnante...Qu'est ce qui déclenche la machine de la visagéité puisqu'elle ne s'exerce pas toujours, ni dans n'importe qu'elle formations sociales ? Certaines formation sociales ont besoins de visage et aussi de paysage. C'est toute une histoire. S'est produit, à des dates trsè diverses, un effondrement généralisé de toutes les sémiotiques primitives polyvoques, hétérogènes, jouant de substances et de formes d'expression très diverses au profit d'une sémiotique de sigifiance et de subjectivisation. Quelles que soient les différence entre signifiance et sujbejectivisation...( et la prévalence de l'une ou l'autre dans tels ou tels cas), elles ont précisément en commun d'écraser toute polyvocité, d'ériger le langage en forme d'expression exclusive... (un enfant qui court, qui joue, qui dessine, ne peut concentrer son attention sur le langage et l'écriture, il ne sera jamais non plus un bon sujet)

Bref la nouvelle sémiotique a besoin de détruire systématiquement toute la multiplicité des sémiotiques primitives même si elle en garde des débris dans des enclos bien déterminés. P221

Toutefois ce ne sont pas des sémiotiques qui se font ainsi la guerre, avec leurs seule armes. Ce sont des agencement de pouvoir très particuliers qui impose sigifiance et subjectivisation comme leur forme d'expression déterminée... Pas de sigifiance sans un agencement despotique, pas de subjectiviation sans agencement autoritaire, pas de mixité entre les deux sans agencement de pouvoir qui agissent précisment par signifiant et s'exercent sur des âmes ou des sujets..... Il s'agit d'une abolition concerté du corps et des coordonnées corporelles par lesquelles passaient les sémiotique polyvoques oumultidimensionnelel. On disciplinera les corps, on défera la corporéité, on fera la chasse au denvenir animaux...Cette machine est dite Machine de visagéité parce qu'elle est production sociale de visage, parce qu'elle opère un visagéisation de tout le corps, de ses entours et de ses objets, une paysagéisation deles mondes et milieux

Jamis un visage ne suppose un signifiant ou un sujet prélalable. L'ordre est touà fait différent : agencement concret de pouvoir despotique et autoritaire-> déclenchement de la machine de visagéité -> installation d'une nouvelle sémiotique de signifiance et de subjectivisation... Le viage est une politique

NB ce double processus ne commence pas avec le Christ : il y a des formation despotique de sigifiance asiatique, nègre ou indiennes, le processus autoriatire de subjectiviation apparait le plus durement dans le destin du peuple juif. Mais c'est avec le Christ et le développement historique de l'homme blanc que ce double agencement de pouvoir s'entecroisent et prend toute son extension.

Se libérer des chaine et tic de la jalousie passionnelle

Les romans anglosaxi=ons savent à quel point il est difficile de sortir du trou noir de la subjectivité, de la conscience et de la mémoire, du couple et de la conjugalité. Combien on est tenté de s'y laisser prendre et de s'y bercer, de se raccrocher à un visage

Cf Henry Miller, Tropique du Capricorne .345

" Enfermée dans ce trou noir, (...) elle y puisait une sorte de phosphorescence cuivrée, fondue, (...) les mots sortaient de sa bouche comme la lave, tout son corps se tendait comme une sorte de serre vorace, cherchant la prise, un point solide et substantiel où se percher, un asile où rentrer et se reposer un instant. (..) Je pris d'abord cela pour de la passion, pour l'extase, (...) je crus que j'avais découvert un volcan vivant, il ne me vint pas à l'idée que ce pût être un navire s'abîmant dans un océan de désespoir, dans les Sargasses de la faiblesse et de l'impuissance".

Chez Prouste aussi bien sûr

Un amour de Swann Proust a su faire résonner visage, paysage, peinture, musique, etc.

Trois moments dans l'histoire Swann-Odette.

D'abord, tout un dispositif signifiant s'établit. Visage d'Odette aux larges joues blanches ou jaunes, et yeux comme trous noirs. Mais ce visage lui-même ne cesse de renvoyer à d'autres choses, également disposées sur le mur. C'est cela, l'esthétisme, l'amateurisme de Swann : il faut toujours que quelque chose lui rappelle autre chose, dans un réseau d'interprétations sous le signe du signifiant. Un visage renvoie à un paysage. Un visage doit lui " rappeler " un tableau, un fragment de tableau. Une musique doit laisser échapper une petite phrase qui se connecte avec le visage d'Odette, au point que la petite phrase n'est plus qu'un signal. Le mur blanc se peuple, les trous noirs se disposent. Tout ce dispositif de signifiance, dans un renvoi d'interprétations, prépare le second moment, subjectif passionnel, où la jalousie, la quérulance, l'érotomanie de Swann vont se développer.

Voilà maintenant que le visage d'Odette file sur une ligne qui se précipite vers un seul trou noir, celui de la Passion de Swann. Les autres lignes aussi, de paysagéité, de picturalité, de musicalité, se hâtent vers ce trou catatonigue et s'enroulent autour, pour le border plusieurs fois.


Mais, troisième moment, à l'issue de sa longue passion, Swann va dans une réception où il voit d'abord le visage des domestiques et des invités se défaire en traits esthétiques autonomes comme si la ligne de picturalité retrouvait une indépendance, à la fois par-delà le mur et hors du trou noir. Puis c'est la petite phrase de Vinteuil qui retrouve sa transcendance et renoue avec une ligne de musicalité pure encore plus intense, asigniflante, asubjective. Et Swann sait qu'il n'aime plus Odette, et surtout qu'Odette ne l'aimera plus jamais. -. Fallait-il ce salut par l'art, puisque Swann, pas plus que Proust, ne sera sauvé ? Fallait.il cette manière de percer le mur ou de sortit du trou, en renonçant à l'amour ? Cet amour n'était-il pas pourri dès le début, fait de signifiance et de jalousie ? Autre chose était-il possible, compte tenu de la médiocre Odette et de Swann esthète ? La madeleine, d'une certaine façon, c'est la même histoire. Le narrateur mâchouille sa madeleine : redondance, trou noir du souvenir involontaire. Comment sortira-t-il de là ? Avant tout, c'est quelque chose dont il faut sortir, à quoi il faut échapper. Proust le sait bien, quoique ses commentateurs ne le sachent plus. Mais il en sortira par l'art, seulement par l'art.

L'art n'est jamais une fin il n'est qu'un instrument pour tracer des lignes de vie c'est à dire tous ses devenirs reels qui ne se produisent pas simplement dans l'art, toutes ses fuites actives qui ne consistent pas à fuire dans l'art, à se réfugier dans l'art; mais [à se transporter avec art et grâce à l'art] vers le régions de l'asigifiant de l'asubjectif et du sans visage.

Si la visage est une politique, défaire le visage est est une aussi, qui engage les devenirs réel... défaire le viage c'est la même chose que percer le mur du signifiant, sortir du trou noir de la subjectivité pour tracer des lignes de fuite positives "l'union vraimenty parfaite est celle où chacun accepte qu'il y ait en l'autre de grand espaces d'inconnus..". D. H Lawrence Etudes sur la littérature classique américaine Hermann Melville ou l'impossible retour

D. H Lawrence Etudes sur la littérature classique américaine Hermann Melville ou l'impossible retour

des visages terrestres :

C'est le visage vu de face, par un sujet qui lui même voit moins le visage qu'il n'est happé par ses trous noirs

des visages maritimes,

De profil il suit la ligne de séparation du ciel et des eaux , ou de la terre at des eaux, il devient lui m^me paysage,

"Têtes chercheuses"

Elles defont le visage, rescapé de toutes les tratégies de pouvoir qui imposent de faire le point. Les têtes chercheuses ne cessent de tracer des lignes de fuite, formant d'étrange devenir nouveaux :" devenir clandestin, partout faire rhizome... visage mon amour mais enfin devenu "tête chercheuse"... Année Zen" Gilles Deleuze Milles plateaux

 

Dans article Bd des Beaux arts par Pierre Sterckx, critique d'art Janvier 2002

Tête ronde avec quelques points en guise de physionomie expressive.

le représentation des personnages les plus populaire de la BD obeissait à un rajeunissement foetal, une Noethémie : Tête rond yeux bouches très apparents corps nain,

Empathie priimaire qui retrouve une activité ancestrale : celle qui consiste à à se raconter des histoire extrordinaire à l'aide de heros imaginés.

la simplification au service de l'expresivité et donc de la lissibilité