Louis-Philippe et la caricature
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L'altération insensible des traits du visage, |
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Pour sa défense, Charles Philippon revendique le droit de suivre la loi des ressemblances et la logique des associations : il souligne qu'objectivement, certaines formes en évoquent d'autres ; seul "le hasard" ou "la malice" de la nature devraient en être tenus pour responsables, non pas l'oeil du peintre qui se contente, lui, d'explorer ce type de suggestions perceptives. |
Nous reproduisons l'argumentaire de Charles Philippon
Si pour reconnaître le monarque dans une caricature vous n'attendez pas qu'il soit désigné autrement que par la ressemblance, vous tomberez dans l'absurde. Voyez ces croquis informes auxquels j'aurais peut-être dû borner ma défense :
Le premier croquis ressemble à Louis Philippe, vous condamnerez donc ? | ||
Alors il vous faudra condamnez le second, qui ressemble au premier. | ||
Puis condamner cet autre qui ressemble au second. | ||
Enfin, si vous êtes conséquent, vous ne saurez absoudre cette poire qui ressemble aux croquis précédents. | ||
Ainsi pour une poire, pour une brioche, et pour toutes les têtes grotesque dans lesquelles le hasard ou la malice aura placé cette triste ressemblance, vous pourrez infiger à l'auteur cinq ans de prison et cinq mille franc d'amende !! |
Avouez Messieurs, que c'est là une singulière liberté de la presse !
Le Charivari prit la suite de la Caricature Mais, le journal de Charles Philippon ayant une nouvelle fois été l'objet d'un procès, la parution du 27 fevier 1834, détourne le devoir de présenter aux lecteurs l'acte de condamanation en rendant le texte du jugement sous la forme d'une poire. |
Ainsi le texte qui condamme, au nom du Roi, le Charivari, pour représentation irrévérencieuse de sa Majesté, dessine encore sa tête sous la forme d'une poire !